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prototypes/tf-idf/txt/1967_S.C.U.M_manifesto_[FR]...

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S.C.U.M. Manifesto - (Society for Cutting Up Men) •
https://infokiosques.net/lire.php?id_article=4 •
Valerie Solanas •
1967 •
Vivre dans cette société, cest au mieux y mourir dennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités et celui de la rigolade, il ne reste quà renverser le gouvernement, en finir avec largent, instaurer lautomation à tous les niveaux et supprimer le sexe masculin.
Grâce au progrès technique, on peut aujourdhui reproduire la race humaine sans laide des hommes (ou dailleurs sans laide des femmes) et produire uniquement des femmes ; • conserver le mâle na même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction de lespèce. Le mâle est un accident biologique ; • le gène Y (mâle) nest quun gène X (femelle) incomplet, une série incomplète de chromosomes. En dautres termes, lhomme est une femme manquée, une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être homme cest avoir quelque chose en moins, cest avoir une sensibilité limitée. La virilité est une déficience organique, et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. Lhomme est complètement égocentrique, prisonnier de lui-même, incapable de partager, ou de sidentifier à dautres ; • inapte à lamour, à lamitié, à laffection, la tendresse. Cellule complètement isolée, incapable détablir des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont pas réfléchis, ils sont toujours animaux, viscéraux, son intelligence ne lui sert quà satisfaire ses besoins et ses pulsions. Il ne connaît pas les passions de lesprit ni les échanges mentaux ; • il ne sintéresse quà ses petites sensations physiques. Il nest quun mort-vivant, un tas insensible, et pour ce qui est du plaisir et du bonheur, il ne sait ni en donner ni en recevoir. Au mieux de sa forme, il ne fait que distiller lennui, il nest quune bavure sans conséquence, puisque seuls ont du charme ceux qui savent sabsorber dans les autres. Emprisonné dans cette zone crépusculaire qui sétend des singes aux humains, il est encore beaucoup plus défavorisé que les singes parce que, au contraire deux, il présente tout un éventail de sentiments négatifs - haine, jalousie, mépris, dégoût, culpabilité, honte, blâme, doute - pis encore, il est pleinement conscient de ce quil est et de ce quil nest pas.
Bien quil ne soit quun corps, lhomme nest même pas doué pour la fonction détalon. À supposer quil possède une compétence purement technique - bien rare en vérité - on ne peut déceler aucune sensualité, aucun humour dans sa façon de senvoyer en lair. Quand ça lui arrive, il culpabilise, il est dévoré de honte, de peur et dangoisse (sentiments qui ont leurs racines profondément ancrées dans la nature du mâle, et même léducation la plus éclairée ne peut en venir tout à fait à bout). Ensuite, la jouissance quil en tire est proche du néant. Et pour finir, obsédé quil est par son désir de bien sen sortir, de battre un record, de ramoner consciencieusement, il se soucie peu dêtre en harmonie avec sa partenaire. Cest encore trop le flatter que de le comparer à un animal. Il nest quune mécanique, un godemiché ambulant. On prétend souvent que les hommes utilisent les femmes. Les utilisent à quoi ? En tout cas, sûrement pas au plaisir.
Rongé quil est de culpabilité, de honte, de peurs et dangoisses, et malgré la vague sensation décrochée au bout de ses efforts, son idée fixe est toujours : baiser, baiser. Il nhésitera ni à nager dans un océan de merde ni à senfoncer dans des kilomètres de vomi, sil a le moindre espoir de trouver sur lautre rive un con bien chaud. Il baisera nimporte quelle vieille sorcière édentée, nimporte quelle femme même sil la méprise, et il ira jusquà payer pour ça. Et pourquoi toute cette agitation ? Si cétait pour soulager une tension physique, il lui suffirait de se masturber, et puis sil va jusquà violer des cadavres et des bébés, ce nest sûrement pas pour combler son ego. Alors pourquoi ? Complètement égocentrique, incapable de communiquer et de sidentifier aux autres (voir plus haut), nexistant que par une sexualité endémique et diffuse, le mâle est psychiquement passif. Et parce que sa propre passivité lui fait horreur, il tente de sen débarrasser en la projetant sur les femmes. Il postule que lhomme est Actif, et sattache ensuite à démontrer quil est actif, donc quil est un Homme. Et pour ce faire, il baise ! (Moi je suis un Vrai Mec et jai une Grosse Queue et comment que je Tire mon Coup). Mais comme ce quil cherche à démontrer est faux, il est obligé de toujours recommencer. Alors baiser devient un besoin irrépressible, une tentative désespérée de prouver quil nest pas passif, quil nest pas une femme. Mais en fait il est passif, et son désir profond est dêtre une femme. Femelle incomplète, le mâle passe sa vie à chercher ce qui lui manque, à tenter de devenir une femme. Voilà pourquoi il est constamment à laffût des femmes, voilà pourquoi il fraternise ; • il veut vivre à travers elles, se fondre en elles. Voilà pourquoi il revendique tout ce qui caractérise en fait les femmes, la force de caractère et lindépendance affective, lénergie, le dynamisme, lesprit dinitiative, laisance, lobjectivité, lassurance, le courage, lintégrité, la vitalité, lintensité, la profondeur, le sens de la rigolade, etc. Voilà pourquoi il projette sur les femmes tout ce qui caractérise les hommes, la vanité, la frivolité, la banalité, la faiblesse, etc. (Il faut cependant reconnaître quil existe un domaine dans lequel les hommes sont largement supérieurs aux femmes : celui des relations publiques. Cest de cette façon quils réussissent à faire croire à des millions de femmes quelles sont des hommes et vice versa). Les hommes prétendent que les femmes trouvent leur épanouissement dans la maternité et la sexualité, ce qui correspond à ce quils trouveraient satisfaisant, les pauvres, sils étaient des femmes. Autrement dit, ce ne sont pas les femmes qui envient le pénis, mais les hommes qui envient le vagin. Lorsque le mâle se résout finalement à accepter sa passivité et se définit comme femme (les hommes, aussi bien que les femmes, prennent chaque sexe pour lautre), bref lorsque le mâle devient un travesti, il perd tout désir de baiser (ou de quoi que ce soit dautre, dailleurs, son rôle de vamp à pédé lui suffit), et il se fait couper la queue dans lespoir de ressentir on ne sait quelle vague jouissance permanente à lidée dêtre femme. Baiser permet aux hommes de se protéger contre leur désir dêtre des femmes. La sexualité est en elle-même une sublimation.
Sa recherche frénétique de compensations - parce quil nest pas une femme - combinée avec son incapacité fondamentale à communiquer et à compatir, a permis à lhomme de faire du monde un gigantesque tas de merde. Il porte lentière responsabilité de :
LA GUERRE •
Le système de compensation le plus courant du mâle, savoir dégainer son gros calibre, se révélant notoirement inefficace, puisquil ne peut le sortir quun nombre très limité de fois, il dégaine sur une échelle franchement massive, donc sublime, prouvant ainsi au monde entier quil est un « Homme ». Du fait de son incapacité à éprouver de la compassion pour les autres, à les comprendre ou à sidentifier à eux (voir plus haut), il trouve que laffirmation de sa virilité vaut bien toutes sortes de mutilations et de souffrances, et il la fait passer avant un nombre incalculable de vies humaines, la sienne comprise. Pour ce que vaut celle-là, il préfère mourir ébloui de gloire que de se traîner lugubrement cinquante ans de plus.
LA GENTILLESSE, LA POLITESSE, LA « DIGNITÉ » •
Chaque homme sait, au fond de lui, quil nest quun tas de merde sans intérêt. Submergé par la sensation de sa bestialité et par la honte quelle lui inspire, il ne cherche pas à sexprimer mais au contraire à camoufler les limites de son être purement physique et son parfait égocentrisme. À cause de son système nerveux grossièrement constitué et bouleversé à la moindre marque démotion ou de sentiment, le mâle se protège à laide dun code « social » parfaitement insipide doù est absente toute trace de sentiments ou dopinions gênantes. Il utilise des termes comme « copuler », « commerce sexuel », « avoir des rapports » (pour les hommes, parler de rapports sexuels est un pléonasme), et il en parle avec des allures guindées de chimpanzé en habit à queue.
LARGENT, LE MARIAGE ET LA PROSTITUTION, LE TRAVAIL CONTRE LAUTOMATION •
Rien, humainement, ne justifie largent, ni le travail pour quiconque au-delà de deux ou trois heures par semaine au grand maximum. Tous les travaux non créatifs (à peu près tous les travaux exercés à ce jour) auraient pu être automatisés depuis longtemps. Et dans un système sans argent, tout le monde aurait tout ce quil veut, et du meilleur. Les raisons qui maintiennent en place ce système basé sur largent et le travail nont rien dhumain, elles sont mâles :
- 1- Le con. Le mâle, qui méprise sa nature déficiente, est saisi dune anxiété profonde et submergé par une immense solitude lorsquil se retrouve dans sa seule affligeante compagnie. Il saccroche alors à nimporte quelle femme dans le vague espoir de remplir son vide intérieur, et se nourrissant de lillusion mystique quà force de toucher de lor il se transformera en or, il convoite en permanence la compagnie des femmes. Il préfère à sa propre compagnie, et à celle des autres hommes, celle de la femme la plus méprisable. Mais pour parvenir à ses fins, il est obligé demployer la force ou la corruption, à moins de tomber sur des femmes très jeunes ou très atteintes.
- 2- Lhomme, incapable dentrer en relation avec les autres (voir plus haut), et contraint de se donner lillusion de servir à quelque chose, sactive, pour justifier son existence, à creuser des trous et à les remplir. Lhomme est horrifié à lidée davoir du temps libre, pendant lequel il ne trouverait rien dautre à faire que de contempler sa grotesque personne. Puisquil ne peut aimer ni établir de contacts, lhomme travaille. Les femmes, elles, rêvent dactivités intelligentes, absorbantes, à même de combler leur sensibilité, mais par manque doccasion ou de compétence elles préfèrent folâtrer et perdre leur temps à leur guise : dormir, faire des emplettes, jouer au bowling, miser de largent, jouer aux cartes, procréer, lire, marcher, rêvasser, manger, se tripoter, senvoyer des pilules derrière la cravate, aller au cinéma, se faire psychanalyser, biberonner, voyager, élever des chiens et des chats, se vautrer sur le sable, nager, regarder la télé, écouter de la musique, décorer la maison, jardiner, coudre, aller dans les boîtes, danser, visiter, s« enrichir » (suivre des stages), se « cultiver » (conférences, théâtre, concerts, cinéma « dart »). Ainsi beaucoup de femmes, même dans le cas dune complète égalité économique, préfèrent vivre avec des hommes ou traîner leurs fesses dans la rue, cest-à-dire disposer le plus possible de leur temps, plutôt que passer huit heures par jour à faire pour dautres un travail ennuyeux, abrutissant et absolument pas créatif qui fait delles pis que des bêtes, des machines, à moins quun travail « intéressant » ne fasse delles, au mieux, les cogérantes de la merde ambiante. Ce qui pourra libérer les femmes de lemprise masculine, ce sera donc la destruction totale du système fondé sur largent et le travail et non légalité économique à lintérieur du système.
- 3- Le pouvoir. Ne pouvant dominer les femmes dans ses relations personnelles, lhomme recherche la domination en général en manipulant largent ainsi que toute chose et tout être régi par largent, cest-à-dire en manipulant tout et tout le monde.
- 4- Trouver un substitut à lamour. Lhomme, inapte quil est à donner de lamour ou de laffection, donne de largent. Il se sent maternel. La mère donne le lait ; • il donne le pain. Il est le Gagne-Pain.
- 5- Fournir un but à lhomme. Puisquil est incapable de profiter de linstant présent, lhomme doit trouver un but à poursuivre et largent est la carotte après laquelle il peut courir éternellement : pensez un peu à tout ce quon peut faire avec quatre-vingts milliards de dollars : ah, investir ! Et dans trois ans ça vous fera trois cent mille millions de dollars, les gars !
- 6- Donner à lhomme sa plus belle occasion de manipuler les autres : la paternité.
LA PATERNITÉ ET LA MALADIE MENTALE (peur, lâcheté, timidité, humilité, insécurité, passivité) •
Maman veut le bien de ses enfants, Papa ne veut que le bien de Papa, il veut quon lui fiche la paix, il veut que ses lubies de « dignité » soient respectées, il veut présenter bien (le statut) et il veut contrôler et manipuler à volonté ce qui sappellera « guider » sil est un père « moderne ». Ce quil veut aussi, cest sapproprier sa fille sexuellement. Il donne la main de sa fille en mariage, le reste est pour lui.
Papa, au contraire de Maman, ne cède jamais à ses enfants car il doit à tout prix préserver limage de lhomme décidé, fort, énergique, qui a toujours raison.
À force de ne jamais agir à sa façon, on se sent dépassé par ce monde et on accepte passivement le statu quo. Maman aime ses enfants. Elle se met quelquefois en colère, mais la crise passe vite et nexclut jamais ni lamour ni lacceptation profonde. Papa, lui, est un débile affectif et il naime pas ses enfants ; • il les approuve - sils sont « sages », gentils, « respectueux », obéissants, soumis, silencieux et non sujets à des sautes dhumeur qui pourraient bouleverser le système nerveux mâle et fragile de Papa - en dautres termes, sils vivent à létat végétal. Sils ne sont pas « sages », Père ne se fâche pas - quand il est un père moderne et « civilisé » (la brute moralisatrice et gesticulante dautrefois est bien préférable car suffisamment ridicule pour se déconsidérer delle-même) - non, il se contente de désapprouver, attitude qui, contrairement à la colère, persiste, et exprime un rejet fondamental : le résultat pour lenfant, qui se sent dévalorisé et recherchera toute sa vie lapprobation des autres, cest la peur de penser par lui-même, puisquune telle faculté conduit à des opinions et des modes de vie non conventionnels qui seront désapprouvés.
Si lenfant veut gagner lapprobation paternelle, il doit respecter Papa, et Papa qui nest quun tas de pourriture na pas dautre moyen dimposer le respect que de rester à bonne distance, suivant le précepte que « la familiarité engendre le mépris », ce qui est naturellement vrai lorsquon est méprisable. En se montrant distant, le Père reste inconnu, mystérieux, il inspire donc la peur (le « respect »).
Comme il réprouve les « scènes », les enfants en viennent à craindre toute émotion, à avoir peur de leur propre colère et de leur haine, finalement à redouter daffronter la réalité puisque la réalité ne peut déclencher que colère et haine. Cette peur, alliée à un sentiment dincapacité à changer ce monde qui vous dépasse, voire à influer un tant soit peu sur son destin, aboutit au sentiment facile que tout va très bien, que la moindre banalité vous comble et quon se fend la pêche pour un rien.
Leffet de la paternité sur les garçons, notamment, est den faire des « Hommes », cest-à-dire de développer en eux un système de défenses farouches contre leur tendances à la passivité, à lhystérie « grande-folle », et contre leur désir dêtre des femmes. Tous les garçons veulent imiter leur mère, être elle, fusionner avec elle, mais Papa interdit de telles choses. Cest lui la mère. Lui, fusionne avec elle. Alors, plus ou moins directement il dit au petit garçon de ne pas faire la « mauviette » et de se conduire en « homme ». Le petit garçon qui chie dans son froc devant son père, autrement dit le « respecte », se soumet et devient un vrai petit Papa, ce modèle de Virilité, ce rêve américain : le lourd crétin quest lhétérosexuel bon teint.
Leffet de la paternité sur les femmes est den faire des hommes - dépendantes, passives, domestiquées, animalastiquées, gentilles, inquiètes, avides de sécurité et dapprobation, trouillardes, humbles, « respectueuses » des autorités et des hommes, fermées, sans réaction, à demi mortes, futiles, ennuyeuses, conventionnelles, insipides et profondément méprisables. La Fille à son Papa, toujours contractée et apeurée, mal à laise, dénuée desprit analytique et dobjectivité, situe Papa, et par suite tous les hommes, dans un contexte de peur nommée « respect ». Elle ne voit pas que la lointaine silhouette paternelle nest quun trompe-lœil, elle accepte la définition de lhomme comme être supérieur en tant que femme, et accepte dêtre considérée inférieure en tant que mâle, ce que, merci Papa, elle est effectivement.
Cest lépanouissement de la Paternité, dû au développement et à la meilleure répartition des richesses (dont la Paternité a besoin pour prospérer), qui est la cause de lascension de la bêtise et du déclin des femmes aux États-Unis depuis les années vingt : voyez la montée de lallaitement, de laccouchement naturel, et de la pratique religieuse. Lassociation étroite entre richesse et Paternité a valu aux filles les plus mal choisies, cest-à-dire les « petites bourgeoises » soi-disant privilégiées, davoir droit à l« instruction ».
En résumé, le rôle du père a été dapporter au monde la gangrène de lesprit mâle. Les hommes sont des Midas dun genre spécial : tout ce quils touchent se change en merde.
ANIMALITÉ (domesticité et maternité) ET SUPPRESSION DE LINDIVIDUALITÉ •
Lhomme est une suite de réflexes conditionnés, il est incapable de réagir librement, avec son esprit. Il est entièrement déterminé par le conditionnement subi pendant son enfance. Ses premières expériences ont été vécues avec sa mère et il est lié à elle pour la vie. Pour lhomme il nest jamais très clair quil puisse être autre chose quune partie de sa mère, quil est lui et quelle est elle.
Son plus grand besoin est dêtre guidé, abrité, protégé et admiré par sa Mamma (les hommes sattendent à ce que les femmes adorent ce qui, eux, les pétrifie dhorreur : eux-mêmes). Nexistant que par son corps, lhomme aspire à passer son temps (celui quil ne perd pas « dans le monde » à se défendre âprement contre sa passivité) dans une béatitude animale consistant à manger, dormir, chier, sécrouler dans un fauteuil et se faire dorloter par la Mamma.
La Fille à son Papa, passive et abrutie, avide dapprobation et de petites tapes sur la joue, qui manifeste son respect au moindre tas dimmondices passant par là, se laisse facilement transformer en Mamma. Elle prête machinalement son corps, éponge le front simiesque plissé par leffort, pousse au cul le petit ego défaillant, complimente la crapule. Elle nest plus quune bouillotte avec des nichons. Réduites à létat de bêtes, les femmes du secteur le plus arriéré de la société, les classes moyennes « privilégiées » et « instruites », déchet de lhumanité sur lequel Papa règne en maître, essaient de se défoncer en mettant bas, et dans la nation la plus avancée du monde, en plein xxe siècle, elles se ventrouillent avec des enfants pendus à leurs seins. Oh, ce nest pas pour le bien des enfants que les « spécialistes » racontent aux femmes que la Mamma doit rester à la maison pour croupir comme une bête. Cest pour le bien de Papa, naturellement. Cest Papa qui a besoin de se cramponner à des nichons. Cest Papa qui se pique dobstétrique et se défonce ainsi par procuration (ce mort-vivant a besoin de stimulants vigoureux).
La nécessité de faire de la femme une bête, une Mamma, un mâle, est autant psychologique que pratique. Le mâle nest quun échantillon de lespèce, interchangeable avec tous les autres mâles. Il na pas dindividualité profonde (ne sait pas différencier les êtres, ne connaît pas lautosuffisance mentale, la complétude), car lindividualité ne peut naître que de ce qui éveille la curiosité, vous fait sortir de vous-même, ce avec quoi on entre en relation. Complètement absorbés en eux-mêmes, ne sachant communiquer quavec leur propre corps et leurs sensations physiques, les hommes ne se différencient entre eux que par la façon dont ils se défendent contre leur passivité et leur désir dêtre femme, et par le degré dacharnement quils y mettent.
Lindividualité de la femme simpose aux yeux de lhomme, mais il est incapable de la saisir, incapable dentrer en relation avec elle ; • elle le bouleverse, lemplit deffroi et denvie. Aussi la nie-t-il et entreprend-il de définir chacun et chacune en termes de fonction et dusage, sassignant bien entendu, les fonctions les plus importantes - docteur, président, savant - ce qui laide à revêtir une identité sinon à atteindre à lindividualité, et il cherche à se convaincre comme à convaincre les femmes (il a mieux réussi de ce côté) que la fonction de la femme est de porter et délever les enfants, dapaiser, de réconforter et de stimuler lego masculin ; • que sa fonction fait delle un être interchangeable avec les autres femmes.
En fait, la fonction de la femme est dexplorer, découvrir, inventer, résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire de la musique - le tout, avec amour. En dautres termes de créer un monde magique. La fonction de lhomme est de produire du sperme. Nous avons maintenant des banques de sperme.
LE VOL DE LINTIMITÉ •
Lhomme, qui a honte de ce quil est et dà peu près tout ce quil fait, tient beaucoup à garder secrets tous les aspects de sa vie mais na aucun respect pour la vie privée des autres. Lui qui est vide, qui na pas de réalité propre, pas dindividualité, pas détats dâme jouissifs, a constamment besoin de la compagnie des femmes et ne voit absolument rien de mal à simmiscer dans les pensées dune inconnue, nimporte où nimporte quand ; • et par-dessus le marché il sindigne et se sent insulté lorsquil se fait rembarrer ; • il en est tout désorienté : cela le dépasse complètement que quelquun puisse préférer une seule minute de solitude à la compagnie de nimporte quel taré. Comme il voudrait en être, il se démène pour être toujours dans les pattes des femmes, ce qui est le plus près quil puisse atteindre de son but, et singénie à fabriquer une société fondée sur la famille - le couple et les enfants (qui sont la bonne excuse de la famille) - et tout ce monde est censé vivre les uns sur les autres en violant scrupuleusement les droits de la femme et son intimité, en détériorant sa santé mentale.
LISOLEMENT, LES PAVILLONS DE BANLIEUE ET LIMPOSSIBILITÉ DE LA VIE COMMUNAUTAIRE •
Notre société nest pas une communauté, cest un entassement de cellules familiales. Miné par son sentiment dinsécurité, lhomme est persuadé que sa femme va le quitter si elle sexpose aux autres hommes et à tout ce qui peut présenter une lointaine ressemblance avec la vie. Aussi cherche-t-il à lisoler de ses rivaux et de cette faible agitation quon nomme civilisation, en lemmenant en banlieue pour la caser dans une rangée de pavillons où senferment dans une contemplation mutuelle des couples et leurs enfants.
En devenant un « farouche individualiste », un grand solitaire, il croit pouvoir prétendre à lindividualité, quil confond avec la claustration et le manque de coopération.
Il y a encore une autre explication à cet isolement : chaque homme est une île. Enfermé en lui-même, sans aucun contact, sans émotion, incapable de communiquer, lhomme a horreur de la civilisation, des gens, des villes, de toute situation qui demande de comprendre les autres et dentrer en relations avec eux. Papa détale comme un lièvre apeuré et traîne son cul à la recherche des contrées sauvages : les banlieues. Ou sil est un « hippie », il part - alors là, quest-ce quil est parti, les gars ! - pour le pré à vaches où il peut baiser et procréer à son aise en sébattant au milieu de ses flûtes et de sa verroterie.
Le hippie, dont le désir dêtre un « Homme » et un « farouche individualiste » est moins forcené que chez la plupart des hommes - parce quil se défend moins contre sa passivité ; • qui, par ailleurs, est follement excité à lidée davoir tout un tas de femmes à sa disposition, se révolte contre le rôle éreintant de Gagne-pain et la monotonie de la monogamie. Au nom de la coopération et du partage, il forme une communauté ou tribu qui, en dépit de tous ses principes de solidarité et en partie à cause deux (ladite communauté, qui est une extension de la famille, ne fait donc que bafouer un peu plus les droits des femmes, violer leur intimité et détériorer leur santé mentale), ne ressemble pas plus à une communauté que le reste de la société.
Une véritable communauté se compose dindividus - pas de simples échantillons de lespèce, pas de couples - qui se respectent les uns les autres dans leur individualité et leur intimité, établissent entre eux des contacts intellectuels et affectifs - en esprits libres ayant des relations libres - et coopèrent à lachèvement de buts communs. Pour les traditionalistes, lunité de base de la société est la famille ; • pour les « hippies », cest la tribu. Pour aucun deux, ce nest lindividu.
Le hippie babille beaucoup sur lindividu, mais comme les autres hommes, il na aucune idée de ce que cest. Il voudrait retourner à la Nature, à la vie sauvage, retrouver lantre des animaux à fourrure dont il fait partie, loin de la ville, où au moins on repère quelques traces, un vague début de civilisation, pour vivre au niveau primaire de lespèce et soccuper à de simples travaux, non intellectuels : élever des cochons, baiser, enfiler des perles.
Lactivité la plus importante de la vie communautaire, celle sur laquelle elle se fonde, cest le baisage à la chaîne. Ce qui allèche le plus le hippie, dans lidée de vivre en communauté, cest tout le con quil va y trouver. Du con en libre circulation : le bien collectif par excellence ; • il suffit de demander. Mais, aveuglé par le désir, il ne pense pas à tous les hommes avec lesquels il devra partager, ni à la jalousie et à la possessivité des mignons cons eux-mêmes.
Les hommes ne peuvent pas coopérer à la réalisation dun but commun, car le seul but de chaque homme est davoir tout le con pour lui. La communauté est donc vouée à léchec : chaque hippie, pris de panique, va empoigner la première jobarde qui en pince pour lui et filer avec elle dans un pavillon de banlieue. Lhomme ne peut progresser socialement, il ne peut qualler et venir entre lisolement et la partie de cul associée.
LE CONFORMISME •
Tout en désirant être un individu, lhomme a peur de ce qui pourrait le différencier un tant soit peu des autres. Il craint de nêtre pas vraiment un « Homme », dêtre passif et déterminé par la sexualité, tous soupçons qui le bouleversent. Si les autres hommes sont « A » et quil ne lest pas, alors il ne doit pas être un homme. Il doit être une pédale, selon ses termes. Alors il essaye daffirmer sa Virilité en ressemblant aux autres hommes. Mais toute différence constatée chez les autres le menace aussi bien : ce sont eux les « pédales » quil doit éviter à tout prix et il fait tout pour les obliger à rentrer dans le rang.
Lhomme ose se montrer différent dans la mesure où il accepte sa passivité et son désir dêtre une femme, sa réalité de pédale. Lhomme le plus conséquent avec lui-même est le travesti mais là encore, bien quil soit différent des autres hommes, il ressemble exactement à tous les autres travestis. Fonctionnaliste, il ne cherche que lidentité formelle : être une femme. Il se débarrasse de ses problèmes en leur collant des étiquettes, mais toujours pas trace dindividualité. Narrivant pas à se convaincre tout à fait quil est une femme, angoissé à lidée de nêtre pas assez femelle, il se conforme désespérément au stéréotype féminin inventé par les hommes, et devient une marionnette bourrée de tics.
Pour sassurer quil est un « Homme », le mâle doit veiller à ce que la femelle se comporte bien en « Femme », le contraire de lhomme viril, autrement dit quelle se comporte en grande-folle. Et la Fille à son Papa, dont on a massacré tous les instincts de femme dés lenfance, sadapte au rôle avec aisance et obligeance.
LAUTORITÉ ET LE GOUVERNEMENT •
Lhomme, qui na aucun sens du bien et du mal, aucune conscience morale (elle ne peut naître quavec la faculté de se mettre à la place des autres), qui ne croit pas en lui-même (pour la bonne raison quil na pas de réalité), compétitif par nécessité et inapte à la vie communautaire par nature, a besoin de direction et de contrôle. Pour cette raison il a mis en place diverses autorités - les prêtres, les spécialistes, les patrons, les chefs, etc. - et institué le Gouvernement. Comme il désire que la femme soit son guide (la Mamma) mais quil est incapable daccepter cette idée (après tout il est un Homme), comme il veut jouer à la femme, usurper sa fonction de Guide et de Protectrice, il sarrange pour que toutes les autorités soient masculines. Il ny a aucune raison pour quune société composée dindividus rationnels et capables de se comprendre les uns les autres, complets en eux-mêmes et nétant pas enclins naturellement à entrer en compétition les uns avec les autres, ait besoin dun gouvernement, de lois ou de chefs.
LA PHILOSOPHIE, LA RELIGION ET LA MORALE BASÉES SUR LE SEXE •
Vu son incompétence pour entrer en relation avec qui ou quoi que ce soit, lhomme dont la vie est dépourvue de sens (le dernier mot de la pensée mâle est que le monde est absurde) a dû inventer la philosophie et la religion. Ne trouvant en lui que vide, lhomme doit se tourner vers lextérieur, non seulement pour trouver une direction et un contrôle, mais aussi le salut et un sens à sa vie. Le bonheur étant pour lui impossible sur cette terre, il a inventé le Ciel.
Comme nous savons, lhomme est incapable de comprendre les autres et ne vit que par sa sexualité, aussi pour lui le « mal » est la « licence » sexuelle, qui conduit aux pratiques sexuelles « déviantes » (non viriles), cest-à-dire aux pratiques qui ne le défendent pas contre sa passivité et sa sexualité omniprésente, lesquelles risqueraient, sil les laissait sexprimer, de détruire la « civilisation » puisque la « civilisation » repose exclusivement sur le besoin de lhomme de se défendre contre ces caractéristiques masculines. Pour une femme (daprès les hommes), le mal est tout comportement pouvant entraîner les hommes à la « licence » sexuelle, cest-à-dire lorsquelle ne place pas les besoins de lhomme au-dessus des siens et refuse de jouer les tantouses.
Quant à la Religion, elle procure un but à lhomme (le Ciel), elle renforce par son code « moral » lassujettissement des femmes aux hommes, et de plus fournit à lhomme des rituels lui permettant dexorciser la honte et la culpabilité quil éprouve de ne pas se défendre assez contre ses pulsions sexuelles : finalement la honte et la culpabilité quil éprouve dêtre un homme.
La plupart des hommes, dans leur immense lâcheté, projettent les faiblesses qui leur sont inhérentes sur les femmes, les désignent comme faiblesses typiquement féminines et sattribuent la véritable force féminine. La plupart des philosophes, un peu moins lâches, reconnaissent à lhomme certaines lacunes, mais narrivent toujours pas à admettre que ces lacunes nexistent que chez les hommes. Ainsi ils étiquettent la condition masculine : Condition Humaine, posent leur problème du néant, qui les horrifie, comme un dilemme philosophique, affublant ainsi leur animalité de grandeur, baptisent pompeusement leur néant « Problème dIdentité » et pérorent avec grandiloquence sur la « Crise de lIndividu », l« Essence de lÊtre », l« Existence précédant lEssence », les « Modes Existentiels de lÊtre », etc.
Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur individualité, elles savent instinctivement que le seul mal est de nuire aux autres et que le sens de la vie est lamour.
LES PRÉJUGÉS (raciaux, ethniques, religieux, etc.) •
Lhomme a besoin de boucs émissaires sur lesquels il peut projeter ses lacunes et ses imperfections et sur lesquels il peut défouler sa frustration de nêtre pas une femme. Les multiples discriminations ont dailleurs un avantage pratique : elles accroissent substantiellement la masse de cons disponible pour les hommes qui campent au sommet de la pyramide.
LA COMPÉTITION, LE PRESTIGE, LE STATUT, LÉDUCATION, LIGNORANCE, LES CLASSES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES •
Obsédé par le désir dêtre admiré par les femmes mais nayant aucune valeur intrinsèque, lhomme fabrique une société complètement artificielle qui lui attribue un semblant de valeur à travers largent, le prestige, la « supériorité » de classe, les diplômes, la profession et le savoir, tout en reléguant au bas de léchelle sociale, professionnelle, économique et culturelle, le plus grand nombre dhommes possible.
Le but de lenseignement « supérieur » nest pas dinstruire mais dexclure le plus grand nombre possible de gens de certaines professions.
Lhomme, qui nest quun corps, inapte aux rapports intellectuels, est sans doute capable dutiliser à ses fins la connaissance et les idées, mais pas dentrer en relation avec elles, de les saisir sur le plan émotionnel. Il nattribue pas de valeur à la connaissance et aux idées pour elles-mêmes (elles ne sont que les moyens de servir ses buts) et néprouve donc pas le besoin de communiquer avec dautres esprits ni de cultiver les possibilités intellectuelles des autres. Bien au contraire, il investit tout dans lignorance. Cela donne aux rares hommes instruits une supériorité décisive sur ceux qui ne le sont pas et, de plus, le mâle sait quune population féminine éclairée et consciente signifierait sa perte.
La femme saine, la femme suffisante, recherche la compagnie dégaux quelle peut respecter et avec lesquels elle peut prendre son pied. Mais lhomme et la femme-mec (atrophiée, manquant dassurance et souffrant dun sentiment dinsécurité) naspirent, eux, quà la compagnie de larves rampantes quils pourront facilement regarder de haut.
Aucune véritable révolution sociale ne peut être réalisée par les hommes, car ceux qui sont en haut de léchelle veulent y rester et ceux qui sont en bas nont quune idée, cest dêtre en haut. La « révolte », chez les hommes, nest quune farce. Nous sommes dans une société masculine, faite par lhomme pour satisfaire ses besoins. Sil nest jamais satisfait, cest quil lui est impossible de lêtre. En fin de compte, ce qui révolte « lhomme révolté », cest dêtre un homme. Lhomme ne change que lorsquil y est obligé par le progrès technique, quand il na pas le choix, quand la société arrive au point où il doit changer ou mourir. Nous en sommes là. Si les femmes ne se remuent pas le cul en vitesse, nous risquons de crever tous.
LIMPOSSIBILITÉ DE LA CONVERSATION •
Etant donné la nature totalement égocentrique de lhomme et son incapacité à communiquer avec autre chose que lui-même, sa conversation, lorsquelle ne porte pas sur sa personne, se réduit à un bourdonnement impersonnel, détaché de tout ce qui peut avoir valeur humaine. La « conversation intellectuelle » du mâle, lorsquelle nest pas une simple fuite de lui-même, nest quune tentative laborieuse et grotesque dimpressionner les femmes.
La Fille à son Papa, passive, malléable, qui respecte et craint le mâle, se laisse volontiers assommer par son bavardage débile. Cela ne lui est pas trop difficile car elle est tellement crispée, anxieuse, mal à laise, peu sûre delle (grâce à Papa qui a semé lincertitude dans tous ses sentiments et sensations), que sa perception en est obscurcie et quelle est incapable de voir que le bavardage masculin nest que du bavardage. Comme lesthète qui « apprécie » la crotte baptisée « Grand Art », elle simagine faire ses choux gras de la conversation masculine alors quelle en chie dennui. Et non seulement elle le laisse postillonner à sa guise, mais en plus elle sadapte au style de la « conversation ». Entraînée comme elle lest depuis lenfance à la gentillesse, la politesse et la « dignité », à entrer dans le jeu des hommes lorsquils cherchent à camoufler leur réalité bestiale, elle leur fait la fleur de réduire sa conversation à des propos mielleux et insipides, évitant tout sujet profond ou bien, sil sagit dune fille « cultivée », elle a une discussion « intellectuelle », cest-à-dire quelle discourt de façon impersonnelle sur des abstractions oiseuses telles que le Produit National Brut, le Sionisme, linfluence de Rimbaud sur la peinture symboliste. Elle est si bien versée dans lart de lécher le cul des hommes que cela devient bientôt une seconde nature et quelle continue à jouer leur jeu même lorsquelle se trouve seulement avec des femmes.
En dehors de son côté lèche-cul, la conversation de la Fille à son Papa est encore limitée par sa crainte dexprimer des opinions déviantes ou originales et par son sentiment dinsécurité qui lemprisonne. Ce qui lui enlève tout charme. La gentillesse, la politesse, la « dignité », le sentiment dinsécurité et la claustration mentale ont peu de chance de sallier à lintensité et à lhumour, qualités dont ne peut se passer une conversation digne de ce nom. Et la conversation digne de ce nom ne court pas les rues, étant donné que seules les femmes tout à fait sûres delles, arrogantes, exubérantes, et fortiches, sont capables davoir une conversation intense et spirituelle de vraies salopes.
LIMPOSSIBILITÉ DE LAMITIÉ (DE LAMOUR) •
Les hommes se méprisent eux-mêmes, méprisent tous les autres hommes quils ont loccasion dapprocher dun peu près - et quils ne prennent ni pour des femmes (comme les analystes « sympa » et les « Grands Artistes ») ni pour des agents de Dieu - et ils méprisent toutes les femmes qui leur lèchent le cul. Les femmes-mec, les lèche-cul en mal dapprobation et de sécurité se méprisent elles-mêmes ainsi que toutes les femmes qui leur ressemblent. Les femmes sûres delles, celles qui nont pas froid aux yeux, qui aiment que ça bouge, les femmes-femmes, méprisent les hommes et les femmes-mec lèche-cul. Pour tout dire, le mépris est à lordre du jour.
Lamour nest ni la dépendance ni la sexualité, cest lamitié. Lamour ne peut donc exister entre deux hommes, entre un homme et une femme ou entre deux femmes si lun des deux, ou les deux, est un mec ou un lèche-cul à mec sans esprit et timoré. De même que la conversation, lamour ne peut exister quentre deux femmes-femmes libres rouleuses, sûres delles, indépendantes et à laise, puisque lamitié est basée sur le respect et non sur le mépris.
Même chez les femmes à la coule, les amitiés profondes sont rares à lâge adulte car elles sont presque toutes ligotées à un homme afin de survivre économiquement, ou bien elles essayent de se tailler un chemin dans la jungle et de se maintenir à la surface des masses amorphes. Lamour ne peut sépanouir dans une société basée sur largent et sur un travail dépourvu de sens. Il exige une totale liberté économique et individuelle, des loisirs et la possibilité de sengager intensément dans des activités absorbantes, à même de combler la sensibilité, et pouvant conduire à lamitié profonde lorsquon les partage avec ceux que lon respecte. Notre société noffre aucune activité de ce genre.
Après avoir éliminé de ce monde la conversation, lamitié et lamour, voici les substituts dérisoires que nous propose lhomme :
LE « GRAND ART » ET LA « CULTURE » •
Lartiste mâle essaye de compenser son incapacité à vivre et son impuissance à être une femme en fabriquant un monde complètement factice dans lequel il fait figure de héros, cest-à-dire saffuble des caractéristiques féminines, et où la femme est réduite à des rôles subsidiaires insipides, cest-à-dire fait figure dhomme.
L« Art » masculin ayant pour but, non de communiquer (un être entièrement vide na rien à dire), mais de déguiser la réalité bestiale de lhomme, il a recours au symbolisme et à lobscurité (au « profond »). La grande majorité des gens, en particulier les personnes « cultivées », nosant pas juger par elles-mêmes, humbles, respectueuses des autorités (« Mon Papa, y sait » devient dans le langage adulte « les critiques ils sy connaissent », « les écrivains, ils savent mieux », et « les agrégés, ça en connaît un bout »), se laissent facilement persuader que ce qui est obscur, vague, incompréhensible, indirect, ambigu et ennuyeux, est à coup sûr profond et brillant.
Le « Grand Art » se veut « preuve » de la supériorité des hommes sur les femmes, preuve que les hommes sont des femmes, non seulement par son contenu, mais aussi par le simple fait de se baptiser « Grand Art », puisque comme aiment à nous le rappeler les antiféministes, il est presque entièrement lœuvre des hommes. Nous savons que le « Grand Art » est grand parce que les hommes, des « spécialistes », nous lont dit, et nous ne pouvons pas dire le contraire vu que seules des sensibilités exquises bien supérieures à la nôtre sont à même de percevoir et dapprécier ce qui est grand, la preuve de leur sensibilité supérieure étant quils apprécient les saloperies quils apprécient.
« Apprécier », cest tout ce que sait faire lhomme « cultivé ». Passif, nul, dépourvu dimagination et dhumour, il faut bien quil se débrouille avec ça. Incapable de se créer ses propres distractions, de se créer un monde à lui, dagir dune façon ou dune autre sur son environnement, il doit se contenter de ce quon lui offre. Il ne sait pas créer, il ne sait pas communiquer : il est spectateur. En se gobergeant de culture, il cherche désespérément à prendre son pied dans un monde qui na rien de jouissif ; • il cherche à fuir lhorreur dune existence stérile doù lesprit est absent. La « culture » cest le baba du pauvre, le croûton spirituel des tarés, une façon de justifier le spectateur dans son rôle passif. Elle permet aux hommes de se glorifier de leur faculté dapprécier « les belles choses », de voir un bijou à la place dune crotte. Ce quils veulent, cest quon admire leur admiration. Ne se croyant pas capables de changer quoi que ce soit, résignés quils sont au statu quo, ils sont obligés de sextasier sur des crottes vu quil ny a que des crottes à lhorizon de leur courte vue.
La vénération pour l« Art » et la « Culture » distrait les femmes dactivités plus importantes et plus satisfaisantes, les empêche de développer activement leurs dons, et parasite notre sensibilité de pompeuses dissertations sur la beauté profonde de telle ou telle crotte. Permettre à l« Artiste » daffirmer comme supérieurs ses sentiments, ses perceptions, ses jugements et sa vision du monde, renforce le sentiment dinsécurité des femmes et les empêche de croire à la validité de leurs propres sentiments, perceptions, jugements et vision du monde.
Le concept même d« Artiste », défini par des traits féminins, le mâle la inventé pour « prouver » quil est une femme (« Tous les Grands Artistes sont des hommes ») ; • il met en avant l« Artiste » comme un guide qui va nous expliquer à quoi ressemble la vie. Mais l« Artiste » masculin némerge pas du moule mâle : son éventail de sentiments est très limité ; • il na donc pas grand chose en fait de perceptions, jugements et vision du monde, puisque tout cela dépend des sentiments. Incapable dentrer en contact avec autre chose que ses propres sensations physiques, il na rien à dire, sinon que pour lui la vie est absurde, et ne peut donc être un artiste. Comment quelquun qui ne sait pas vivre pourrait-il nous dire à quoi ressemble la vie ? L« artiste » au masculin, cest une contradiction dans les termes. Un dégénéré ne peut que produire de l« art » dégénéré. Lartiste véritable, cest toute femme saine et sûre delle, et dans une société féminine, le seul Art, la seule Culture, ce sera des femmes déchaînées, contentes les unes des autres, et qui prennent leur pied entre elles et avec tout lunivers.
LA SEXUALITÉ •
Le sexe ne permet aucune relation. Cest au contraire une expérience solitaire, elle nest pas créatrice, cest une perte de temps. Une femme peut facilement, bien plus facilement quelle ne pourrait le penser, se débarrasser de ses pulsions sexuelles et devenir suffisamment cérébrale et décontractée pour se tourner vers des formes de relation et des activités vraiment valables. Mais le mâle libidineux met en chaleur la femelle lascive. Les hommes, qui ont lair den pincer sexuellement pour les femmes et qui passent leur temps à vouloir les exciter, jettent les femmes portées sur la chose dans des transes lubriques et les fourrent dans un piège à con dont peu de femmes arrivent jamais à se sortir.
Le sexe est le refuge des pauvres desprit. Et plus une femme est pauvre desprit, - plus elle est embourbée dans la « culture » masculine - plus elle est charmante et plus elle est portée sur le sexe. Dans notre société, les femmes charmantes ont le feu au cul. Mais comme elles sont atrocement charmantes, elles ne sabaissent pas à baiser, tu parles, elles font lamour, elles communiquent avec leur corps, elles établissent un contact sensuel. Les plus littéraires valsent au rythme dÉros et senfilent lUnivers entier ; • les mystiques se fondent dans le Principe érotique et fusionnent avec le Cosmos, et celles qui marchent à lacide Vibrent. Les femmes qui sont les moins compromises dans la culture mâle, celles qui ne sont pas charmantes, ces esprits simples et grossiers pour qui baiser nest que baiser, trop infantiles pour ce monde adulte de grands ensembles, dintérêts à 14%, de casseroles et de merde de bébé, trop arrogantes pour respecter Papa, les « Grands » ou la profonde sagesse des Anciens, qui ne font confiance quà leurs instincts les plus bas, pour qui la seule Culture, cest le déchaînement des femmes, dont le seul divertissement est de rôder à la recherche démotions et dévénements excitants, qui « font des scènes » et offrent le spectacle répugnant, vil, gênant, de salopes acharnées contre ceux qui leur agacent les dents, qui nhésiteraient pas à planter un couteau dans le ventre dun type ou à lui enfoncer un pic à glace dans le cul au premier coup dœil si elles pensaient pouvoir sen tirer, bref celles qui, selon les critères de notre « culture », sont la lie de la terre, les SCUM [1] sont des filles à laise, plutôt cérébrales et tout près dêtre asexuées. Débarrassées des convenances, de la gentillesse, de la discrétion, de lopinion publique, de la « morale », du « respect » des trous-du-cul, toujours surchauffées, pétant le feu, sales et abjectes, les SCUM déferlent… elles ont tout vu - tout le machin, baise et compagnie, suce-bite et suce-con - elles ont été à voile et à vapeur, elles ont fait tous les ports et se sont fait tous les porcs… Il faut avoir pas mal baisé pour devenir anti-baise, et les SCUM sont passées par tout ça, maintenant elles veulent du nouveau ; • elles veulent sortir de la fange, bouger, décoller, sombrer dans les hauteurs. Mais lheure de SCUM nest pas encore arrivée. La société nous confine encore dans ses égouts. Mais si rien ne change et si la Bombe ne tombe pas sur tout ça, notre société crèvera delle-même.
LENNUI •
La vie, dans une société créée par et pour des créatures à la sensibilité plus que limitée, donc profondément ennuyeuses, lorsquelles ne sont pas sinistres et déprimantes, ne peut être que profondément ennuyeuse, lorsquelle nest pas sinistre et déprimante.
LE SECRET, LA CENSURE, LÉLIMINATION DE LA CONNAISSANCE ET DES IDÉES, LA CHASSE AUX SORCIÈRES •
Enfouie au fond de lhomme, gît la peur hideuse et secrète que lon découvre quil nest pas une femme, quil est un mâle, un être moins quhumain. Bien que la gentillesse, la politesse et la « dignité » suffisent à le protéger sur le plan personnel, lhomme doit, pour éviter quon ne découvre limposture générale du sexe masculin, et maintenir ses pouvoirs artificiels sur la société, avoir recours aux procédés suivants :
- 1- La censure. Lhomme qui réagit par réflexe à des mots ou à des phrases isolés au lieu de réagir avec son cerveau à des significations globales, essaye dempêcher léveil et la découverte de sa bestialité en censurant non seulement la « pornographie », mais aussi tout ouvrage contenant des mots « sales », quel quen soit le contexte.
- 2- Lélimination de toute idée et connaissance risquant de le démasquer ou de menacer sa position dominante dans la société, une vaste documentation biologique et psychologique est mise hors de circulation, car elle révélerait la flagrante infériorité de lhomme par rapport à la femme. De plus, le problème de la maladie mentale ne sera jamais résolu tant que lhomme gardera les rênes du pouvoir pour la bonne raison quil y trouve son intérêt : seules des femmes auxquelles il manque pas mal de cases peuvent laisser aux hommes la moindre parcelle de pouvoir, et pour résoudre ce problème il faudrait que lhomme admette le rôle que joue le Père dans lorigine des folies.
- 3- La chasse aux sorcières. Ce qui met lhomme en joie - dans la mesure où cette créature sinistre et constipée est capable déprouver de la joie - cest de dénoncer les autres. Peu importe ce quil dénonce, du moment quil dénonce et détourne lattention de sa propre personne. Dénoncer les autres comme agents de lennemi (Communistes et Socialistes) est lun de ses passe-temps favoris : cela lui permet de se disculper, lui, la patrie et lOccident tout entier. Ce nest pas dans son cul que grouille la vermine, cest en Russie.
LA MÉFIANCE •
Dans son incapacité à se mettre à la place des autres, à éprouver de laffection ou à se dévouer, ne sachant sextérioriser que pour contempler ses tripes, lhomme, évidemment, ne joue jamais franc-jeu. Lâche comme il lest, ayant constamment besoin de faire la pute avec les femmes pour gagner leur approbation sans laquelle il nest rien, toujours sur le qui-vive dans la terreur que sa réalité mâle et animale ne soit étalée au grand jour, ayant constamment besoin de se protéger, lhomme doit mentir en permanence. Dans son néant il ne peut avoir ni honneur ni intégrité - il ne sait pas ce que ces mots signifient. Lhomme, en bref, est traître et dans une société mâle le seul comportement valable est le cynisme et la méfiance.
LA LAIDEUR •
Grâce à sa sexualité envahissante, son indigence mentale et esthétique, son matérialisme et sa gloutonnerie, lhomme, non content de nous avoir infligé son « Grand Art », a cru devoir affubler ses villes sans paysage de constructions hideuses (dehors comme dedans) et de décors non moins moches, daffiches, dautoroutes, de bagnoles, de camions pleins de merde, et tout particulièrement de sa nauséabonde personne.
LA HAINE ET LA VIOLENCE •
Lhomme est rongé sans relâche par lamertume de nêtre pas femme et dêtre incapable déprouver jamais aucun plaisir ni aucune satisfaction. Il est ravagé de haine, non de cette haine rationnelle que lon renvoie à ceux qui vous insultent ou abusent de vous, mais dune haine irrationnelle qui frappe sans discernement, haine, au fond, dirigée contre lui-même.
La violence gratuite « prouve » quil est un « Homme », tout en servant dexutoire à sa haine ; • et puisque lhomme na de réactions que sexuelles et quil faut des stimulants vraiment puissants pour exciter ce mort-vivant, elle lui procure, sexuellement, un petit frisson.
LA MALADIE ET LA MORT •
Toutes les maladies sont guérissables, et le vieillissement et la mort sont dus à la maladie. Il est donc possible de ne jamais vieillir et de vivre éternellement. En fait, les problèmes de la vieillesse et de la mort pourraient être résolus dici quelques années si la science y mettait le paquet. Cette éventualité naura cependant pas lieu dans un monde régi par les hommes pour les raisons suivantes :
- 1- De nombreux chercheurs potentiels sont découragés des carrières scientifiques à cause de la rigidité, de lennui, de la cherté, des pertes de temps et de la sélection sociale qui caractérisent notre enseignement « supérieur ».
- 2- Les chercheurs en place, dans leur insécurité mâle, protègent jalousement leur poste, et veulent nous faire croire que seule une petite élite est à même dapprécier les concepts scientifiques abstraits.
- 3- Beaucoup de gens doués, dont la confiance en soi a été minée par léducation du Père, renoncent à devenir des savants.
- 4- Le système de largent conduit à ces postes les gens les moins créatifs. La plupart des scientifiques sont issus de familles plutôt aisées, où Papa règne en maître.
- 5- Lautomation est insuffisante. Nous disposons actuellement de tonnes dinformations qui, utilisées à bon escient, pourraient permettre de guérir le cancer ainsi que dautres maladies et peut-être nous apporter la clé de la vie. Mais les données à utiliser sont si nombreuses quil nous faudrait des ordinateurs ultra-rapides pour les relier. L institution de lordinateur sera continuellement retardée dans un système régi par les hommes car ceux-ci ont horreur dêtre remplacés par des machines.
- 6- Lhomme a une préférence marquée pour les objectifs « virils », la guerre et la mort.
- 7- La finance a un insatiable besoin de nouveaux produits. Les rares savants dont les recherches ne visent pas la destruction et la mort sont ligotés par les intérêts des corporations pour lesquelles ils travaillent : leurs inventions et leurs expériences ne concernent que des marchandises.
- 8- De nombreux savants mâles sécartent prudemment de la recherche biologique dans leur terreur de découvrir que les hommes sont des femmes plus quincomplètes.
***
Lhomme, qui est incapable de connaître un bonheur positif, seule justification à lexistence, peut atteindre tout au mieux un état neutre de confort physique qui nest pas appelé à durer car lennui, état négatif, fait rapidement son apparition. Il est donc condamné à une vie de souffrance, soulagée seulement par un assoupissement occasionnel et fugace quil ne pourra connaître quaux dépens dune femme. Lhomme est par nature une sangsue, un parasite affectif, et aucune raison éthique ne justifie de le laisser vivre et prospérer car personne na le droit de vivre aux dépens de quelquun dautre. De même que la vie des humains prime celle des animaux pour la seule raison quils sont plus évolués et doués dune conscience supérieure, de même la vie des femmes doit primer celle des hommes.
Cependant, cet épilogue moral pourrait bien être purement académique car lhomme travaille à sa propre destruction. En dehors des procédés classiques de la guerre et des émeutes raciales, honorés par lHistoire, les hommes versent de plus en plus dans la tantouzerie ou se consument dans la drogue. Les femmes, quelles le veuillent ou non, prendront bientôt le monde en main, ne serait-ce que parce quelles ne pourront faire autrement : les hommes, pour des raisons pratiques, auront disparu du globe. Cette tendance autodestructrice est renforcée par le fait que les hommes commencent à avoir une vision plus éclairée de leurs intérêts. Ils se rendent de mieux en mieux compte que lintérêt des femmes est leur intérêt, quils ne peuvent vivre que par les femmes, et que plus les femmes seront encouragées à vivre, à se réaliser, à être des femmes et non des hommes, plus ils approcheront eux-mêmes de ce qui ressemble à la vie. Ils entrevoient déjà quil est plus facile et plus satisfaisant de vivre à travers elles que dessayer de devenir elles - usurper leurs qualités et repousser les femmes dans la fosse à purin en déclarant que ce sont des hommes. Le pédé, qui accepte sa nature de mâle, cest-à-dire sa passivité et sa sexualité envahissante, sa féminité, a également intérêt à ce que les femmes se révèlent véritablement femmes car alors il lui serait plus facile dêtre mâle, dêtre féminin. Si les hommes étaient raisonnables, ils chercheraient à se changer carrément en femmes, mèneraient des recherches biologiques intensives qui permettraient, au moyen dopérations sur le cerveau et le système nerveux, de transformer les hommes en femmes, corps et esprit.
La question de savoir sil faudra continuer à utiliser les femmes pour la reproduction ou si celle-ci se fera en laboratoire est encore un faux problème : que se passera-t-il quand chaque femme, dès lâge de douze ans, prendra régulièrement la Pilule, et avortera en cas daccident ? Combien de femmes accepteront-elles délibérément dêtre enceintes (ou, en cas daccident, de le rester) ? Non, Virginia [2], les femmes nadorent pas couver des ribambelles denfants, malgré ce quen disent les braves épouses hébétées. Quand toutes les femmes seront conscientes, la réponse sera : aucune. Devrait-on alors obliger un petit nombre de femmes à faire office de lapines pour les besoins de lespèce ? Cest hors de question, évidemment. La réponse, cest les laboratoires de reproduction.
Pour ce qui est de reproduire le genre masculin, il ne sensuit pas, sous prétexte que les hommes, comme la maladie, ont toujours existé, quils devraient continuer à exister. Quand le contrôle génétique sera possible - et il le sera bientôt - il est évident que nous ne devrons produire que des êtres complets, sans défauts physiques ni déficiences générales telles que la masculinité. De même que la production délibérée daveugles serait parfaitement immorale, de même en serait-il pour la production délibérée dêtres tarés sur le plan affectif.
Et pourquoi reproduire des femmes ? Pourquoi des générations futures ? À quoi serviront-elles ? Quand la vieillesse et la mort seront éliminées, pourquoi se reproduire ? Et même si elles ne sont pas éliminées, pourquoi se reproduire ? Quest-ce que cela peut bien nous faire ce qui arrivera quand nous serons morts ? Quest-ce que cela peut bien nous faire quil y ait ou non une nouvelle génération pour nous succéder ?
Le cours naturel des événements, de lévolution sociale, aboutira au contrôle total des femmes sur le monde. Il sensuit quelles cesseront de reproduire des hommes et pour finir elles cesseront de reproduire des femmes.
Mais SCUM est impatiente. SCUM ne se laisse pas consoler par la perspective des générations futures. SCUM veut prendre son pied tout de suite. Et si une grande majorité de femmes étaient SCUM, elles parviendraient en quelques semaines aux commandes du pays en refusant de travailler, cest-à-dire en paralysant la nation entière. Elles pourraient y ajouter dautres mesures, dont chacune serait suffisante pour bouleverser léconomie et le reste, comme de rompre avec le système de largent, dévaliser les magasins au lieu dacheter, et refuser dobéir aux lois chaque fois que ça leur chante. La Police, la Garde Nationale et lArmée réunies ne pourraient réprimer la rébellion de plus de la moitié de la population, surtout sil sagit des femmes, sans lesquelles ils se retrouveraient complètement désemparés. Si toutes les femmes laissaient tomber les hommes, tout simplement, le gouvernement et léconomie nationale seffondreraient. Même sans les laisser tomber, les femmes, une fois conscientes de létendue de leur supériorité et de leur pouvoir sur les hommes, pourraient devenir maîtresses de tout en quelques semaines et parvenir à lassujettissement total des hommes. Dans une société saine, lhomme trottinerait docilement derrière la femme. Lhomme est un être obéissant, il se plie facilement au joug de toute femme qui veut bien essayer de le dominer. Les hommes, en fait, désirent désespérément se soumettre aux femmes, être sous la conduite de leur Mamma et sabandonner à ses soins. Mais cette société nest pas saine et la plupart des femmes nont pas la plus faible idée de ce quest le véritable rapport des forces.
Le conflit ne se situe donc pas entre les hommes et les femmes, mais entre les SCUM - les femmes dominatrices, à laise, sûres delles, méchantes, violentes, égoïstes, indépendantes, fières, aventureuses, sans gêne, arrogantes, qui se considèrent aptes à gouverner lunivers, qui ont bourlingué jusquaux limites de cette société et sont prêtes à se déchaîner bien au-delà, et les Filles à son Papa, gentilles, passives, consentantes, « cultivées », subjuguées, dépendantes, apeurées, ternes, angoissées, avides dapprobation, déconcertées par linconnu, qui préfèrent croupir dans le purin (là au moins le paysage est familier), saccrocher aux singes, sentir Papa derrière et se reposer sur ses gros biceps, qui ont besoin de voir une grosse face poilue à la Maison Blanche, trop lâches pour regarder en face lhideuse réalité de lhomme, de Papa, qui ont établi leurs quartiers une fois pour toutes dans lauge à cochons, se sont adaptées à lanimalité quon attend delles, y trouvent un confort superficiel et ne connaissent pas dautre mode de vie, ont rabaissé leur esprit, leurs pensées et leurs perceptions au niveau du mâle ; • qui, dépourvues de jugement, dimagination et dhumour, ne peuvent gagner la considération que dans une société masculine, qui ne peuvent se faire une place au soleil, ou plutôt dans le fumier, que comme pondeuses et repos du guerrier, compresses dego et tétines roboratives ; • qui sont négligées par les autres femmes, qui projettent leurs tares, leur masculinité, sur toutes les femmes et considèrent les femmes comme des vers de terre.
Mais SCUM est trop impatiente pour espérer et attendre la prise de conscience de millions de trous-du-cul. Pourquoi les trépidantes, les scories bouillonnantes continueraient-elles à se traîner misérablement au milieu de toutes ces sinistres mec-femmes ? Pourquoi le destin des grisantes devrait-il croiser celui des grisâtres ? Pourquoi les actives et les imaginatives devraient-elles tenir compte des passives et des médiocres ? Pourquoi les indépendantes devraient-elles patauger dans la morve avec les crampons à Papa ? Il ny a aucune raison.
En baisant le système à tout bout de champ, en détruisant la propriété de façon sélective et en assassinant, une poignée de SCUM peut prendre le contrôle du pays en lespace dun an.
SCUM sera la grande force bousi-baisante, la force du dé-travail. Les SCUM choisiront toutes sortes de professions et dé-travailleront. Par exemple, les vendeuses et les standardistes SCUM ne feront pas payer. Les employées de bureau et les ouvrières SCUM, tout en sabotant le travail, détruiront secrètement le matériel. Les filles SCUM dé-travailleront systématiquement jusquà ce quelles se fassent renvoyer, puis chercheront un nouvel emploi à bousiller.
SCUM prendra dassaut les autobus, les taxis et les services de distribution de tickets, conduira les autobus et les taxis et donnera gratuitement les tickets.
SCUM détruira tous les objets inutiles et nocifs tels que les voitures, les vitrines, le « Grand Art », etc.
Ensuite SCUM semparera des antennes de la radio et de la télévision, et sempressera de soulager de leur besogne tous les employés qui sopposeraient à lentrée de SCUM dans les studios.
SCUM exterminera tous les hommes qui ne feront pas partie de lAuxiliaire Masculin de SCUM. Font partie de lAuxiliaire Masculin les hommes qui semploient méthodiquement à leur propre élimination, les hommes qui pratiquent le bien, quels que soient leurs motifs, et entrent dans le jeu de SCUM. Exemples de ce quon peut trouver dans lAuxiliaire Masculin de SCUM :
- les hommes qui en tuent dautres ; • •
- les chercheurs en biologie qui travaillent à des recherches constructives (au lieu de préparer la guerre biologique) ; • •
- les écrivains, les rédacteurs en chef les éditeurs et les producteurs qui répandent et favorisent les idées susceptibles de servir les buts de SCUM ; • •
- les travelos qui par leur exemple magnifique encouragent les autres hommes à se démasculiniser et à se rendre ainsi relativement inoffensifs ; • •
- les hommes qui prodiguent généreusement largent et tous services gratuits ; • •
- les hommes qui disent ce qui est (jusquà présent il ny en a pas eu un seul) et ont une attitude juste avec les femmes, qui révèlent la vérité sur eux-mêmes, donnent aux écervelées des phrases correctes à répéter et leur disent que le but premier dune femme devrait être décraser le sexe masculin (pour aider les hommes dans cette tâche, SCUM organisera des Sessions Merdiques au cours desquelles chaque homme présent fera un discours commençant par la phrase : « Je suis une merde, une merde minable et abjecte », à la suite de quoi il fera une longue liste des différents aspects de sa merdicité. En récompense, il pourra fraterniser une heure entière avec les membres de SCUM à la fin de la session. On invitera aux sessions les femmes gentilles et proprettes afin déclaircir avec elles tous les doutes et malentendus qui subsistent à propos du sexe masculin) ; • •
- les fabricants de bouquins pornos, de films suédois, etc., qui nous rapprochent du jour où on ne verra plus sur lécran que Baise et Sucerie (les hommes, comme les rats accourant aux sons de la flûte enchantée, seront menés à leur perdition par les charmes trompeurs de La Chatte, et dépassés, submergés, ils sombreront finalement dans la chair passive quils ont toujours été) ; • ceux qui incitent à la drogue et précipitent la déchéance masculine.
Faire le bien est une condition nécessaire mais non suffisante pour faire partie de lAuxiliaire Masculin de SCUM. Pour sauver leurs mornes culs, les hommes doivent aussi éviter de faire le mal. Parmi les hommes les plus odieux ou les plus nuisibles, on compte :
- ceux qui violent ; •
- les politiciens et toute leur clique ; •
- les chanteurs, compositeurs et, musiciens gnangnan ; •
- les P.D.G. ; •
- les Chefs de famille et honnêtes travailleurs ; •
- les proprios ; •
- les possesseurs de cuillers graisseuses, de restaurants et de boutiques à musique dambiance ; •
- les « Grands Artistes » ; •
- les joueurs qui jouent petit ; •
- les flics qui alpaguent, les procureurs qui accusent et les juges qui collent des années à tous ceux qui violent les lois antidrogue et antijeu, aux prostituées, aux fauteurs de pornographie et à ceux qui commettent des crimes contre les entreprises ; •
- les magnats ; •
- les savants dont les recherches visent la mort ou la destruction ou qui travaillent pour lindustrie privée ; •
- les menteurs et les bidons ; •
- les agents immobiliers ; •
- les agents de change ; •
- les hommes qui parlent pour ne rien dire ; •
- les pollueurs de voie publique ; •
- les plagiaires ; •
- les hommes qui font un tant soit peu de mal aux femmes ; •
- tous les requins de la publicité ; •
- les psychiatres et les psy ; •
- les hommes qui simaginent avoir droit à la compagnie des inconnues quils rencontrent ; •
- les censeurs publics et privés ; •
- toute larmée, y compris les appelés.
Si un homme peut être classé à la fois dans les catégories bien et mal, lensemble de sa conduite sera examiné de façon toute subjective pour déterminer de quel côté penche la balance.
Il est assez tentant de mettre dans le même sac que les hommes, les « Grands Artistes » et les faux jetons de sexe féminin, mais ce serait gênant car la plupart des gens ne comprendraient pas clairement que les femmes liquidées sont des mecs.
Laisser tout tomber et vivre en marge nest plus la solution. Baiser le système, oui. La plupart des femmes vivent déjà en marge, elles nont jamais été intégrées. Vivre en marge, cest laisser le champ libre à ceux qui restent ; • cest exactement ce que veulent les dirigeants ; • cest faire le jeu de lennemi ; • cest renforcer le système au lieu de le saper car il mise sur linaction, la passivité, lapathie et le retrait de la masse des femmes. Cest, en revanche, une excellente solution pour les hommes et SCUM les y encouragera vivement.
Chercher le salut en soi, contempler son nombril, comme voudraient nous le faire croire les partisans du Grand Lâchage, nest pas la solution. Le bonheur réside en dehors de soi, dans les relations avec les autres. Notre but devrait être le débordement et non lauto-contemplation. Lhomme, qui nest capable que de cette dernière éventualité, fait dun vice fondamental une vertu et lélève au rang du Bien Philosophique, ce qui le fait passer pour profond.
SCUM na rien à faire de banderoles, de défilés ou de grèves pour réaliser ses desseins. De telles tactiques sont bonnes pour les dames comme il faut, qui choisissent soigneusement les moyens les plus sûrs dêtre inefficaces. Dailleurs, seules des femmes-mec du genre convenable, élevées pour se fondre dans lespèce, peuvent rechercher les mouvements de foule. SCUM se constitue dindividus. SCUM nest pas un gros tas. Les actions de SCUM ne seront menées que par le nombre strictement nécessaire. De plus, SCUM, qui est égoïste et garde la tête froide, nira pas se jeter sous les matraques des flics ; • cest bon pour les fifilles bien élevées qui tiennent en haute estime Papa et les policiers et manifestent une foi touchante en leur bonté intrinsèque. Si SCUM défile un jour, ce sera sur la face stupide et répugnante du Président. Et en fait de piquets de grève, ce seront de longs couteaux que SCUM plantera dans la nuit.
Les agissements de SCUM seront criminels. Il ne sagira pas de simple désobéissance civile, de violer ouvertement la loi pour aller en prison et attirer lattention sur linjustice. Cette tactique suppose lacceptation globale du système et nest utilisée que pour le modifier légèrement, pour changer certaines lois précises. SCUM se dresse contre le système tout entier, contre lidée même de lois et de gouvernement. Ce que SCUM veut, cest démolir le système et non obtenir certains droits à lintérieur du système. Dailleurs, SCUM - qui garde la tête froide, qui est avant tout égoïste - évitera toujours de se faire prendre et de se faire condamner. SCUM agira par en dessous, furtivement et sournoisement (mais les meurtres de SCUM seront toujours connus en tant que tels).
Meurtres et destructions seront réalisés avec discernement, de façon sélective. SCUM est contre ces soulèvements confus et hystériques, sans objectif précis, qui sont souvent fatals à ceux de votre propre camp. SCUM nencouragera jamais les émeutes ni aucune de ces formes de destruction aveugle, et elle ny participera pas. SCUM traquera sa proie froidement, dans lombre, et tuera avec le plus grand calme. Ses entreprises de destruction nauront jamais pour conséquence de bloquer les routes nécessaires au transport de nourriture ou autres produits vitaux, de contaminer leau ou den empêcher laccès, de gêner la circulation des ambulances ou dentraver le bon fonctionnement des hôpitaux.
SCUM continuera à détruire, piller, saboter et tuer jusquà ce que le système basé sur largent et le travail se soit effondré et que lautomation soit instituée à tous les niveaux, ou jusquà ce quun nombre suffisant de femmes alliées à SCUM permette datteindre ces buts sans recourir à la violence, en laissant tomber le travail ou en le sabotant, en quittant les hommes et en refusant dobéir à toute loi inappropriée à une société véritablement civilisée. Beaucoup de femmes se rangeront à ces vues, mais beaucoup dautres (qui se sont depuis longtemps rendues à lennemi, qui se sont si bien adaptées à lanimalité, la mâlitude, quelles ont pris goût à la répression et aux contraintes et quelles ne sauraient plus que faire de leur liberté), continueront à jouer les lèche-cul et les paillassons, tout comme les paysans des rizières restent les paysans des rizières tandis que les régimes se succèdent. Les plus étourdies pleurnicheront et bouderont, jetteront leurs jouets et leurs torchons par terre, mais SCUM passera, imperturbable, le rouleau compresseur.
Il est facile de parvenir rapidement à une société entièrement automatisée, à partir du moment où la demande est générale. Les plans existent déjà, et si des millions de gens y travaillent, la construction ne prendra que quelques semaines. Malgré la suppression de largent, tout le monde sera ravi de mettre la main à la pâte et de participer à la construction dune société automatisée. Cela marquera le début dune ère nouvelle et fantastique, et son édification se fera dans une atmosphère de fête.
La suppression de largent et lautomation généralisée sont la base de toutes les autres réformes de SCUM qui seraient impossibles sans elles, mais qui pourront être réalisées sans tarder à partir de ces préliminaires. Le gouvernement seffondrera automatiquement. Grâce à lautomation généralisée, il sera possible à tout le monde de voter directement depuis chez soi en se servant dune machine à vote électronique. Mais comme le gouvernement ne soccupe pratiquement que dorganiser les finances et dédicter des lois visant à faire ingérence dans la vie privée, la suppression de largent, et avec elle lélimination des mâles qui réglementent la « morale », ne laisseront plus guère de raisons de voter.
Une fois la finance foutue en lair, il ne sera plus nécessaire de tuer les hommes. Ils seront démunis du seul pouvoir quils peuvent avoir sur des femmes psychologiquement indépendantes. Ils ne pourront plus simposer quaux paillassons, qui adorent ça. Les autres femmes sactiveront à résoudre les quelques problèmes restants, avant de mettre au programme léternité et lUtopie. Lenseignement sera tout autre chose et des millions de gens pourront en quelques mois parvenir à un niveau intellectuel qui exige actuellement des années détudes (il est très facile de réaliser ce but à partir du moment où lobjectif de lenseignement est dinstruire et non de perpétuer une élite académique et intellectuelle). Elles résoudront les problèmes de la maladie, de la vieillesse et de la mort et réinventeront complètement les villes et lhabitat. Beaucoup de femmes continueront à simaginer pendant un certain temps quelles en pincent pour les hommes, mais au fur et à mesure quelles shabitueront à une société féminine et quelles seront accaparées par leurs projets, la lumière se fera en elles et elles verront clairement à quel point lhomme est inutile et banal.
Les quelques hommes qui resteront sur la planète auront tout le loisir de traîner leurs vieux jours chétifs. Ils pourront se défoncer ou frimer en travelo ou regarder agir les puissantes femmes en spectateurs passifs, essayant de vivre par procuration (un procédé électronique leur permettra de se brancher sur la femme de leur choix et de suivre en détail ses moindres mouvements. Les femmes y consentiront avec obligeance car cela ne leur fera pas le moindre mal et sera une façon particulièrement humaine et généreuse de venir en aide à leurs malheureux compagnons handicapés), ou bien ils procréeront dans les pâturages avec leurs paillassons, ou encore ils pourront se présenter au centre de suicide le plus proche, amical et accueillant, où ils seront passés au gaz en douceur, rapidement et sans douleur.
Avant que lautomation ne soit généralement instaurée, avant que les hommes ne soient remplacés par des machines, il faudra quils se rendent utiles. Ils devront attendre les ordres des femmes, obéir à leurs moindres caprices, répondre à toutes leurs exigences, leur être totalement soumis et nexister que par leur volonté, au lieu de cette situation complètement dégénérée et pervertie où les hommes non seulement existent et encombrent le monde de leur ignominieuse présence, mais en plus se font lécher le cul par la masse des femmes qui se prosternent devant eux, millions de femmes adorant le veau dor. Et nous voyons le chien tirer son maître par la laisse alors que la seule position acceptable pour lhomme, celle où il est le moins misérable, sauf lorsquil choisit dêtre travesti, est dêtre couché aux pieds de la femme, reconnu dans sa chiennerie : cela nexige pas de lui ce dont il est émotionnellement incapable ; • les femmes, êtres complets, soccupent du reste.
Les hommes irrationnels, les malades, ceux qui essaient de nier leur sous-humanité, en voyant les SCUM arriver sur eux comme une lame de fond, hurleront de terreur et sagripperont aux Gros Lolos tremblotants de Grosse Mamma, mais les lolos ne les protégeront plus contre SCUM et Grosse Mamma saccrochera à Gros Père qui sera recroquevillé dans un coin et chiera dans son slip dynam. Les hommes rationnels, eux, ne se débattront pas, ils ne lanceront pas de ruades, ne provoqueront pas de brouhaha pénible, ils resteront sagement assis, détendus, ils profiteront du spectacle et se laisseront dériver jusquà leur destin fatal.
Valérie Solanas
P.S.
Valérie Solanas vivante