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<h1>
How do we library that?
</h1>
<h3>
Répondre aux invitations de lécriture numérique
</h3>
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<p>
Une enquête sachève lorsquelle est publiée. Son écriture et sa mise en forme permettent de reconstituer la diversité des points de vue et des arguments qui sexpriment dans une controverse donnée auprès dun public de curieux·ses, dexpert·e·s et de parties prenantes. Elles relèvent aussi dune pratique heuristique et réflexive, dont les premier·e·s bénéficiaires sont les enquêteur·rice·s.
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Le processus dédition et de publication structure et nourrit lensemble du
cheminement investigatif depuis ses débuts. Une enquête de controverses sélabore toujours avec son format de publication en vue &nbsp;quil sagisse dun livre, dun article de presse, dun documentaire ou dun site web. Ce format agit alors comme une scène qui supporte et condi&shy;tionne linvestigation&#8239;: il préforme lélaboration du rai&shy;son&shy;nement, oriente la cartographie des acteur·rice·s, ouvre un champ de possibilités et dimpossibilités pour la mise en récit. Parfois, il incite à explorer des directions de re&shy;cher&shy;che inattendues, par exemple vers de nouveaux entretiens ou de nouvelles sources documentaires. La restitution dune contro&shy;verse ne consiste donc pas en une simple com&shy;mu&shy;ni&shy;ca&shy;tion unidirectionnelle depuis des auteur·rice·s vers un public&#8239;: elle contribue à développer lenquête et participe à la sensibilisation des enquêteur·rice·s à leurs objets détude.
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Lécriture est une épreuve, qui invite à «&#8239;aligner les idées, car des idées
non écrites, laissées à leur propre appareil, tournent en rond&#8239;», ainsi que la formulé le philosophe Vilém Flusser<sup><span class="margin-note">Vilém Flusser, <em>Does Writing Have a Future&#8239;?</em>, Minneapolis (Minn.), University of Minnesota Press, 2011, p.&#8239;6. Traduction des auteurs.</span></sup>. Elle demande de construire des lignes de pensée, darticuler un ensemble épars dinformations, de préciser et de formaliser ce qui ne relèverait sans elle que de la rêverie ou de la libre association. Ce travail de mise en forme nest pas un processus secondaire, survenant après la stabilisation dun contenu ou dune idée préexistante. Sans forme, il nexiste pas dexpression possible. Doù la nécessité de consacrer du temps et de lénergie à la recherche de formes pertinentes pour lanalyse qui est menée.
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Le déroulement même de lenquête contribue à orienter le choix et la
définition dune forme de restitution appropriée. Cest ainsi que le format
de publication dune controverse évolue continuellement, bifurque et
parfois change du tout au tout au fur et à mesure que sétoffent la
collecte des documents et des témoignages ainsi que la problématisation. Lenquête et sa mise en forme sinscrivent ainsi dans un processus de co-constitution<sup><span class="margin-note">Un tel processus pourrait être également qualifié de morphogénétique, selon la proposition conceptuelle de lanthropologue Tim Ingold dans son analyse des pratiques de fabrication, se présentant comme la «&#8239;rencontre de forces et de matériaux&#8239;» engagés dans une croissance et une définition réciproque et évolutive&#8239;: Tim Ingold, «&#8239;<a href="https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/2519" target="_blank">Les matériaux de la vie</a>&#8239;», <em>Socio-anthropologie</em>, 35, 2017, p.&#8239;23-43.</span></sup>.
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Par ailleurs, dans toute enquête de sciences sociales, la mise en forme
nest jamais séparée hermétiquement de lélaboration des matériaux de
lenquête&#8239;: ce travail participe dune chaîne continue de gestes et de
pratiques, qui relèvent tous dune forme décriture. Entre notes,
transcriptions, tableaux, dessins, puis documents formalisés, le chemin qui
mène de <em>lécriture qui enquête</em> à <em>lécriture qui publie</em>
est marqué par une série détapes intermédiaires &nbsp;rarement séquentielles&nbsp; et de reformulations. Cette continuité permet de connecter les témoignages
du terrain, quand il y en a un, à la reconstitution proposée par la publication, de relier et dorganiser les déclarations et les matériaux mobilisés par les
acteur·rice·s.
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